Coordonnée par OTOMO DE MANUEL.

Le festival PARADOXAL revient pour sa troisième éditions. Exclusivement centré sur l’art de la performance et la performance en tant qu’art, PARADOXAL vise à croiser les disciplines et des artistes venus de différents horizons. Des artistes qui mettent en jeu leur identité, leur singularité, dans des démarches de l’intime, questionnant de façon transversale notre époque, notre humanité et nos identités, multiples et polysémiques.

La première édition du festival s’est tenue sous le thème du PAYSAGE. Le paysage en tant que panorama, en tant qu’éventail, invitant à ouvrir large les possibles et l’exploration. La seconde édition a cherché à toucher la question de la FRONTIÈRE. La frontière comme ligne de démarcation entre les formes, les intentions, les genres et les espaces.

Dans la période trouble que nous traversons, où l’impérieuse tentation de la clarification, de l’univocité, de l’affirmation identitaire, de la convocation d’un monde simplifié, simpliste, pour contrer nos incertitudes, face à l’univocité comme menace et comme dictât, le thème de l’AMBIGUITÉ s’est imposé, comme une évidence. Car la nature même du monde est ambiguë. De la même façon, l’ambiguïté nous apparaît être ce qui caractérise la Performance en tant qu’art. Ni totalement théâtre, ni totalement rituel, la performance s’oppose par essence aux grandes messes idéologiques ou, si elle le fait, c’est pour en provoquer le sens.

La performance est paradoxale par essence, elle est singularité, elle est ce qui arrive, ici et maintenant, renouant par la même avec les enjeux fondamentaux de l’art vivant. Comme nous le dit Thomas Bauer, Islamologue et professeur à l’université de Münster dans Vers un monde univoque « Le combat contre l’ambiguïté relève d’une entreprise de domination ». Inversement, l’ambiguïté elle-même est « La limite du pouvoirs des forts (…)la liberté des faibles ». Ainsi, il semblerait que l’ambiguïté contienne une dynamique de subversion qui la rend suspecte et dangereuse pour tous les pouvoirs totalitaires et totalisants, assoiffés de certitude. Et en effet, il y a quelque chose qui tient de l’acte de résistance que de vouloir choisir la performance comme art. Car, si la performance est le langage de l’instant, de l’in situ, de l’ici et du maintenant, « on sait (concernant le langage) depuis le philosophe Ludwig Wittgenstein que la signification d’un signe ne lui préexiste pas mais se construit dans son usage, lequel varie toujours en fonction des personnes et des circonstances impliquées » pour reprendre encore Thomas Bauer. Ainsi,

pour penser ce thème par la pratique, à nouveau une quinzaine d’artistes vont se retrouver pendant deux jours dans le croisement des formes et des genres.